Il m’est impensable que les sentiments que je te porte soient percés du moindre doute. D’où vient cette mode d’apprécier en pointillés ? D’aimer seulement lorsqu’on veut ? De s’engager un jour sur deux, un samedi par mois ou d’une minute sans l’autre ?
L’amour-mite me fait bouillir. Apanage des cœurs paresseux, drapé d’égotisme, il se nourrit d’idéaux creux. Il sous-tendrait qu’il y ait une hiérarchie des sentiments ; qu’il y ait des humains qui méritent notre attention et d’autres pas ; que notre regard soit sélectif, conditionnel, condescendant.
J’en ai soupé des amours miteux. Ils sont divisés et divisent à leur tour. Le métier d’Homme a ceci de difficile qu’il est périlleux de sortir de son petit soi pour escalader la grandeur d’autrui. Celui qui érige un mur devrait savoir le franchir. Cassons donc l’amour-mite et aimons tout des uns et tant d’autres.
— Un ami qui te voit du bien
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